Kinderzimmer

Valentine Goby

Actes Sud

  • Conseillé par (Libraire)
    13 avril 2021

    On vous le dit d'emblée : c'est dur!
    Le sujet, la maternité dans un camp de concentration en 1944, est dur, le ton est dur, les mots sont durs. Mais dès les premières pages, on est happé par l'histoire de Mila, qui arrive à 22 ans, enceinte, au camp de Ravensbruck. On est happé par ces femmes, déportées politiques, qui vont tout mettre en oeuvre pour que Mila ait son bébé. Malgré la crasse, les insultes, les coups, les poux, le froid, la chaleur, la faim, la puanteur, les humiliations, elles restent entières, se tiennent debout, sauvent les derniers bouts d'humanité qu'il leur reste. Elles poursuivent leurs minuscules actes de résistance, énormes pour elles, même au sein de l'ennemi.
    "Mais pouquoi tu fais ça pour moi?"
    "Parce que tu le ferais aussi..." Et parce que, sans doute, quand tout nous a été enlevé, reste l'humanité qu'on porte en chacun de nous, l'amitié de deux femmes, l'amour d'une mère pour son bébé.
    A lire !!!!


  • Conseillé par
    16 septembre 2017

    Naître à Ravensbrück

    Je l’avoue, quand j’ai pris connaissance du sujet de « Kinderzimmer », je me suis dit : l’histoire d’une jeune résistante française, enceinte, au camp de concentration de Ravensbrück – écrite par une femme, en plus –, attention, on veut nous prendre en otage. Donc j’ai ouvert le livre sans trop y croire. Et trois heures et demie plus tard, ressortie du roman complètement bouleversée, je me promettais ne plus jamais exprimer de tels jugements à l’emporte-pièce.

    Avant d’entrer dans le réseau, Mila s’appelait Suzanne Langlois. Sa mère s’étant jetée par la fenêtre pour abréger les souffrances liées à la maladie, elle habitait avec son père mutilé de guerre et son grand frère dans leur boutique de la rue Daguerre, où elle vendait des partitions de musique. Lorsque les Allemands ont occupé Paris, la boutique est devenue un lieu de renseignements clandestins. Une nuit, Mila a abrité un résistant blessé et leurs corps ont trouvé dans l’étreinte une consolation mutuelle. Quelques semaines plus tard, Mila était embarquée avec sa cousine Lisette dans le cauchemar nazi. D’abord un centre d’internement en région parisienne puis Ravensbrück, le camp des femmes.

    Malnutrition, dysenterie, coups de bâtons, interminables appels dans l’aube glaciale, Mila tient bon alors que sa cousine perd peu à peu ses forces vitales. Mila n’y connaît rien, mais elle sent que le fœtus qui loge en elle, lui donne une raison de se battre. Le ventre d’une future mère plongée dans l’horreur concentrationnaire ne grossit pas. Du tout. Il faut que Mila perde les eaux (« les os », croit-elle, tétanisée par l’imminence d’un événement auquel l’environnement purement masculin de son enfance ne l’a pas du tout préparée) pour que ses compatriotes du Block finissent par croire à sa grossesse. De toute façon, à Ravensbrück, aucune femme n’a plus ses règles. À la naissance de James, Mila découvre le monde parallèle de la " Kinderzimmer ", la chambre des enfants. Oubliez les layettes et les ours en peluche : les bébés nés en camp ont maximum trois mois d’espérance de vie. Les rats, le froid et la faim sont leur quotidien. Mais les Alliés approchent, les amitiés les plus indéfectibles peuvent naître elles aussi derrière les barbelés, et Mila est un personnage de fiction : Valentine Goby nous entraîne dans ses pas de survivante forcenée, de mère à toute épreuve.

    L’écriture de cette auteure aux huit romans très remarqués et d’une abondante œuvre pour la jeunesse n’aurait plus besoin d’être louée. Lyrique parfois, mais jamais flatteuse, explicite souvent, mais jamais aride, elle ajoute à la tradition de la littérature concentrationnaire la distance du romanesque, sans jamais rendre indécent le procédé fictionnel. Au contraire, le relief donné aux personnages, ces femmes auxquelles le camp n’est pas parvenu à ôter la singularité, la beauté de leurs sentiments (et non la « bonté »), la construction narrative haletante, en se mêlant aux descriptions omniprésentes du corps et de la maladie, de la faim, de la merde, font non seulement la lumière sur un chapitre méconnu de l’histoire des camps (la naissance de centaines de bébés), mais rendent un hommage puissant à la victoire de l’humain sur la barbarie.

    Les dernières semaines de sa captivité, Mila se force à noter sur de minuscules morceaux de papier tous les indices qu’elle récolte de l’extermination des prisonnières, pour témoigner un jour, peut-être. « Kinderzimmer » remplit cette mission. Un roman qui se lit en apnée, un fragment de mémoire charnel et indispensable.

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  • Conseillé par (Libraire)
    14 avril 2015

    Poignant !

    Un texte bouleversant sur l'histoire d'une jeune femme qui accouche à Ravensbruck, un camp de concentration.
    Poignant !