L’imagier traditionnel décompose le monde en petites images bien reconnaissables et les dispose dans un ordre choisi. Émilie Chazerand et Anna Wanda Gogusey proposent leur version de l’imagier constitué d’illustrations plus complexes et de définitions drôles et décalées. Les doubles pages se répondent ou s’opposent, jouent sur les mots et les sons pour donner une représentation contemporaine du monde.
Cet imagier atypique s’adresse à tou·tes sur un ton clairement engagé. L’écriture inclusive alliée à la poésie du texte invitent petit·es et grand·es à échanger sur des thèmes importants comme la tolérance, la différence, le consentement et la solidarité.
Un imagier audacieux qui dépoussière nos représentations de la société, décloisonne le monde des adultes et insuffle aux enfants un esprit de liberté.
— Chronique Commission Prix Sorcières
Rien qu’en donnant ce titre, cette couverture à son album, Sarah Cheveau engage aussitôt un quelque chose de mystérieux teinté de promesse heureuse.
C’est l’histoire d’un rêve en forêt, l’histoire d’une enfant téméraire qui s’enfonce dans la nuit. Elle fait la rencontre de différents arbres et croise plusieurs animaux : l’écureuil, le lièvre, le blaireau… Et surtout, elle tombe en chemin sur un animal peu commode, le sanglier, avec qui elle partagera un moment inattendu.
Nuit de chance est un magnifique album en noir et blanc, dont Sarah Cheveau nous conte les secrets de fabrication en fin d’ouvrage, sous une forme poétique. La technique du bâton brûlé à l’étouffée, qui devient charbon et se transforme en un instrument extraordinaire, confère à cette histoire une esthétique si particulière !
— Chronique Commission Prix Sorcières
Nous traverserons des orages
De Anne-Laure Bondoux
Illustrations de Coline Peyrony
Gallimard Jeunesse
Chez les Balaguère, on n’aime pas la guerre mais quand on naît au tournant du XXe siècle en France, on n’a pas le choix et ce, pour plusieurs générations. Anzême, Aloès et les autres, ces hommes ont des noms d’arbres plutôt que de saints – ils volent trop haut pour s’intéresser aux mortels. Ils vont se heurter à la violence, celle du front, celle du monde, celle qui dort en eux. Et dans la tourmente, ils n’épargneront ni les femmes, ni les enfants.
Nous traverserons des orages est une saga familiale sombre mais évocatrice de ce XXe siècle si rude sous son vernis de modernité. À travers le portrait des hommes Balaguère, l’autrice interroge la masculinité sur quatre générations, le poids des attentes d’une société en mouvement mais aussi ce que cela implique pour les femmes.
Une lecture passionnante que les ados prêteront à leurs parents pour prolonger ensemble ce grand moment de lecture.
— Chronique Commission Prix Sorcières
L’arrivée d’un cirque itinérant dans le village du jeune Otto va bouleverser la vie tranquille des habitants : le cirque annonce comme « clou du spectacle » la découverte d’une créature effrayante. Intrigué par cette annonce, Otto se faufile sous le chapiteau et va découvrir le monstre… Le soir même, quand le rideau se lève, c’est la stupéfaction !
Voilà un roman sur la différence mais pas seulement, il parle également d’amitié, dans un
monde singulier où l’humain devient « la curiosité ». Les illustrations en noir et blanc sont magnifiques et l’atmosphère mystérieuse un peu inquiétante ajoute une dimension poétique à l’écriture du récit.
Une histoire profonde qui invite le lecteur à changer de perspective et à interroger ses représentations de l’autre.
— Chronique Commission Prix Sorcières
Voilà un très bel album dans lequel s’exprime avec tendresse la relation entre un enfant et sa grand-mère, sa Baba d’origine Polonaise. Elle l’accueille chaque matin dans sa petite maison avec un énorme bol de gruau et des produits du jardin en guise de petit-déjeuner. C’est une Baba qui parle peu la langue de l’enfant, mais elle dit beaucoup avec les yeux et les gestes. Sa maison déborde des récoltes du jardin. C’est une grand-mère qui a eu faim dans son enfance. À la sortie de l’école, quand il pleut, tous les deux ramassent les précieux vers de terre indispensables au potager. Le temps passant, la grand-mère vient vivre chez son fils et c’est son petit-fils qui lui apporte désormais son bol de gruau le matin. Les gestes perdurent et les liens se tissent autrement.
L’histoire magnifique d’une relation qui se lit graphiquement, dans les décors et les regards, avec des couleurs riches à l’effet flouté qui évoquent la tonalité des souvenirs.
— Texte Commission Prix Sorcières